Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
un nuage... une plume !
17 septembre 2014

Va voir ailleurs si j'y suis : au pôle emploi par exemple

Tous des feignants.

Mon voisin, le cousin de bidule, trucmuche, travaille juste ce qu'il faut pour toucher les allocs et puis après il reste pénard chez lui.

Du boulot y'en a, quand tu veux vraiment bosser, tu trouves.

 

Ouais, ben va donc voir ailleurs si j'y suis, au pôle emploi tiens par exemple, puisque tu en parles si bien.

Et oui, c'est une méchante chômeuse qui vous parle, cachée derrière son ordi, sûrement à une heure où les autres sont au boulot hein, puisque moi j'ai rien à foutre, j'ai le temps d'écrire des conneries.

Non parce que là j'en reviens tu vois du pôle emploi, et j'y étais déjà la semaine dernière aussi. Tu crois que c'est rempli de cassos, que tu imagines noirs ou arabes de préférence, ou de gens qui roule en mercos alors que toi t'as une twingo toute naze que tu galères encore à rembourser malgré la sueur que tu laisses sur ton lieu de travail ? Ben laisse moi te décrire.

Oui, c'est rempli. De beaucoup de jeunes, de moins jeunes aussi, de gens de toutes les couleurs bien que le blanc l'emporte largement, de gens propres sur eux, qui parlent correctement, qui ont de l'éducation. De gens qui bossent même. Pas quand ils veulent mais quand ils peuvent.

C'est rempli et les deux personnes à l'accueil sont débordées. Elle doivent gérer le flux des gens, la photocopieuse qui ne fonctionne plus, l'imprimante qui n'a plus de feuille, et les conseillers qui viennent les voir de temps en temps. Elles reçoivent des gens souvent inquiets, un peu perdus, parfois mécontents, qui ne savent pas comment faire. Elles ont le sourire, prennent le temps qu'il faut malgré la file qui ne cesse de s'allonger, et osent même le mot gentil.

On t'accueille donc, puis souvent, on te dirige vers un conseiller. Là tu patiente. 1h. Oh ça va, j'ai le temps hein, je suis pas comme tous les autres qui ont le cul vissé 8h par jour sur une chaise, derrière un bureau, ceux qui méritent ! Oui, j'ai le temps. Alors je patiente calmement parce que je vois les conseillers débordés, qui courent partout, qui enchaînent les entretiens. Et qui te reçoivent, la plupart du temps avec la même bienveillance que les employés à l'accueil. Alors oui, je suis déjà tombée sur une conseillère absolument imbuvable, sur un autre qui avaient certainement quelques lacunes sur les compétences acquises dans les écoles puisque voyant que j'ai fait les beaux-arts, et donc de l'art-plastique, il m’assène comme un coup de grâce que « ben vous avez qu'à travailler dans une usine de plastique hein, c'est pas compliqué », ou encore, alors que je cherchais entre autres un poste de gardienne de musée « j'ai gardienne de déchetterie là, remarquez, vous êtes peut-être pas assez costaud pour aider à soulever la ferraille » Euh... What ? Mais ce n'est pas du tout la majorité, vraiment, la plupart des conseillers font ce qu'ils peuvent.

 

Ce qu'ils peuvent, oui, c'est à dire, pas grand chose. 350 000 offres d'emploi non pourvues nous dit notre sympathique ministre du travail. C'est bien la preuve que les gens ne veulent pas bosser ! T'as déjà fait un tour sur les offres d'emploi de ta région toi ? Non ? Ben va voir, tu vas te marrer.

Capture

Pardon, mais des offres d'emploi il y en a, mais quand tu ne bosses ni dans le domaine de la restauration, du service à la personne ou de l'industrie, t'es comme un con ! T'en as quand-même trouvé une qui pourrait te correspondre ? Essaye de postuler. La plupart du temps l'offre n'existe plus, ou alors, tu n'a jamais de réponse. T'es graphiste/comptable/architecte/mécano/éleveur d'escargots ? Ben t'as qu'à aller laver des vieux ou servir des pizzas puisque des offres d'emploi pour ça, y'en a. Quand tu trouves pas dans ta branche, tu prends n'importe quoi et tu te fais pas assister par ceux qui bossent pour te payer tes allocs, feignasse ! Ouais, ben j'ai essayé ! Sauf que tu crois que le mec qui tient une pizzeria il a envie d'engager un éleveur d'escargot ? Ben non, il veut quelqu'un qui sait servir des pizzas. Et je ne vous raconte pas combien de fois on m'a sorti le « non mais ça va pas aller, vous êtes trop qualifiés pour faire ce job ». Du coup, oui, j'avoue, je ne postule plus à ces offres depuis longtemps (ah bah voilà, tu vois, je te l'avais dit, c'est une feignasse).

 

Trop qualifiée ? Ah ok, parce que j'ai fait un Bac + 5. Ce bac plus 5 qui me permet, faute de mieux, de postuler à l'éducation nationale et d'être professeur contractuel, quand il y a un poste vacant. Et oui, c'est comme ça que vos bambins se retrouvent avec un prof qui n'a ni vocation, ni formation, et qui n'a même jamais subi d'entretien d'embauche de la part du rectorat (t'as vu, non seulement elle est prof mais en plus elle a l'air de ne pas aimer ça et elle fait des fautes d'orthographe ! Cette fille est dépravée je te dis, imagine, c'est elle qui fait cours d'histoire à Jean-Bernard !). Soyez tout de même rassurés, on nous demande un extrait de casier judiciaire. Mais ceci est un autre problème. Aujourd'hui, je suis juste venu vous dire que...

 

Je suis au chômage, je ne roule pas en mercos avec votre argent, je ne suis pas une cassos, ni une feignasse, ni une fille de mauvaise volonté, et des comme moi, l'agence pôle-emploi la plus proche de chez vous en est remplie. Oui, je prend les allocations quand elles me sont allouées. Mais juste, que voulez-vous que je fasse hein? Non parce que là justement des allocations, j'en ai plus, et essaye de vivre sans revenu toi. Oh vas-y, elle doit bien toucher la CAF, son loyer doit lui être payé et on doit lui filer largement de quoi bouffer ! Ben non, zéro je vous dit. Je ne me plains pas, je remercie seulement les aides sociales d'être là quand elles le peuvent, et à ceux qui voudraient les supprimer, parce qu'on est une France d'assistés, je suis polie et aimable en général, mais je leurs dit : GO FUCK YOURSELF ! Voilà, de la part de la chômeuse, du designer d'espace, et de Madame la prof, qui souhaite bien du courage à jean-Bernard pour son avenir et ses futures démarches pour accéder à l'emploi.

Un pays sans aides sociales, j'en ai déjà visité un. Tu sais ce que j'ai vu ? Beaucoup de gens à la rue, des quartiers de bidons-villes en plein centre, une femme sans jambes qui se traînait sur un skate board, des enfants qui faisaient la manche. Tu veux ça pour nous ou tu trouves qu'il y a déjà assez de pauvreté comme ça ? Non parce que des nécéssiteux, c'est facile à fabriquer.

 

C'est un billet inhabituel sur ce blog, nous vous inquiétez pas, il ne devrait pas y en avoir d'autres, c'est juste qu'il fallait que ça sorte. Galérer ok, se faire rabaisser, non. N'hésitez pas à partager votre expérience en commentaires. Polémiquez si vous le souhaitez, mais je ne rentrerai pas dans ce jeu. Je voulais juste partager ma vision du chômage, de l'intérieur.

Votre Nuage.

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Oh God! ce que ça fais du bien de lire ça!<br /> <br /> J'ai toujours oscillé entre CDD, intérim et chômage, j'ai même dû fraudé les allocations une fois pour pouvoir bouffer!<br /> <br /> Combien de fois j'entends les gens parler des chômeurs et personnes au RSA comme des moins que rien, qui ne sont là que pour profiter des alloc! <br /> <br /> Bah oui c'est bien connu quand tu touches des aides, tu touches plus que des gens en CDI tout ça en restant le cul sur ton canapé devant ton canapé en cuir devant une tartine au caviar!<br /> <br /> Bref, merci pour cet article :)<br /> <br /> Et bon courage!
Répondre
P
En tant que collègue de galère, je me suis largement reconnu dans ton article. Le plus dur c'est de ne pas perdre espoir. Les remises en question perpétuelles sont très dures pour le moral.
Répondre
T
Je suis exactement dans le même cas que toi je vis les mêmes choses subis les mêmes remarques désobligeantes donc je ne peux qu'aimer cet article !!!
Répondre
Publicité
Archives
Côté maison
Décoration sur Cotemaison.fr
Newsletter
Publicité